Dustin Thierry photographie avec amour la scène européenne des ballrooms
Le photographe cherche à confronter les Pays-Bas avec la racialisation et l’objectification.
Left: Opulence, Thaynah Vineyard at the 'We Are The Future And The Future Is Fluid' Ball organised by Legendary Marina 007 and Mother Amber Vineyard. Body painting by visual artist Airich. Amsterdam 2018. Right: Opulence.
"You're Opulence honey, you own everything!"
Ces mots immortalisés par Junior LaBeija dans Paris Is Burning sont devenu l’inspiration derrière le titre choisi par Dustin Thierry pour sa série de photographies Opulence. « Une de mes exs m’avait dit cette phrase un jour où je me sentais pas très bien. Elle voulait dire que j’étais maitre de mon état d’esprit. Ce sentiment me semble inestimable ».
Né sur l’île de Curaçao dans les Caraïbes (l’île était une ancienne colonie hollandaise), la premier contact de Dustin avec la photographie a été un CASIO QV-10 qui appartenait à son beau-père. Il raconte « Cet appareil était révolutionnaire pour l’époque. Je me souviens, je me promenais avec sur le ranch ou sur les plages de Guana Bay à Sint Maarten. Je prenais en photo les porches des maisons, les vagues, ou encore des images depuis la voiture. Mon beau-père n’aimait pas que je joue avec, c’était trop cher pour que je le traite comme un jouet. Vers 2009, j’ai découvert la magie des chambres noires avec les premières images que j’ai développé. Travailler dans le noir en écoutant de la musique, jouer avec les éléments chimiques, c’est comme une méditation… Je suis devenu accro instantanément ».

En 2013, Dustin travaillait comme photographe résident dans une boite de nuit à Rotterdam. Dustin faisait le deuil de son frère qui s’était suicidé sur l’île de Curaçao après des difficultés liées à sa sexualité, et Dustin a été ainsi encouragé à prendre des photos qui célébraient tout ce qui se trouve à l’intersection de la sexualité, du genre et de la race. Après avoir entendu parler de Amber Vineyard, mother dans sa maison House of Vineyard, qui était d’organiser son premier bal, une idée est née. Cette idée allait plus tard devenir Opulence.
« En tant qu’artiste visuel je travaille à l’intuition, et après le suicide de mon frère j’ai senti que j’avais besoin d’utiliser ma plate-forme pour faire en sorte qu’un vrai changement opère. Je voulais créer un projet qui parlerait de représentation, d’exotisme, de masculinité toxique, et de l’importance des endroits surs et des structures familiales. Le paysage de la photographie au Pays-Bas n’est pas équipé pour aborder ou comprendre pourquoi ces questions sont essentielles. Aujourd’hui encore, l’homosexualité est fortement stigmatisé et condamné au sein de la communauté caribéenne. Et encore plus, les personnes noires venant d’anciennes colonies et des Caraïbes sont toujours ramenées à leurs races et sont objectivées au Pays-Bas. Opulence se trouve à l’intersection entre documentaire et photographie de mode, mais il est aussi question pour moi m’assurer d’un changement structurel dans les arts en créant une communauté et en ouvrant la porte pour d’autres ».
Les images, précédemment exposées au Foam, musée de la photographie à Amsterdam l’année dernière et dans de nombreuses expositions de groupe sont maintenant exposées au musée d’art contemporain The Van Abbemuseum à Eindhoven. Profondément personnelle, et très généreuse, la série de Dustin est emplie d’amour, de respect et d’admiration pour ces sujets.
Dustin Thierry - Opulence will be showing at The Van Abbemuseum in Eindhoven until 4 April 2021
Cet article a été initialement publié par i-D UK.







Crédits
All images courtesy Dustin Thierry