Paris (dé)confiné dans l’oeil du photographe Aliocha Boi
Chaque semaine, i-D France demande à un photographe de son choix de documenter le Paris (dé)confiné en images. Aliocha Boi a tourné son objectif vers les détails surprenant d’objets et de couleurs qu’il a croisés dans la ville et sa banlieue.
Courtesy of Aliocha Boi


Fasciné par les interactions entre l’humain et le paysage urbain, le photographe franco-canado-italien Aliocha Boi capture l’évolution des villes et de leurs habitants. Une approche documentaire faite de rencontres et d’exploration urbaine, qui raconte les mutations des centres urbains. Il nous livre un extrait de son nouveau projet, initié dans Paris au début du confinement.


Comment est née l’envie de documenter cette période ?
Tout est parti d’une commande pour un reportage assez classique, ce qui m’a permis de sortir un peu de chez moi. Après avoir photographié le Paris touristique, j’ai eu envie de travailler à un projet plus personnel, dans les quartiers nord et la banlieue proche, comme le 93. C’est important pour un photographe de rue de documenter cette période, qui restera un moment important de l’histoire. Finalement, c’était comme une résidence d’artistes, où l’on est contraint de trouver des sujets dans un seul et même endroit, mais transposée dans un Paris vide. Plutôt cool, comme idée.


Qu’est-ce qui a attiré ton regard dans ce Paris vide, et déconfiné ensuite ?
Je me suis d’abord intéressé à la notion d’abandon, à toutes ces choses laissées dans la rue à la hâte. C’était comme si les Parisiens avaient subitement disparu, et qu’il ne restait plus que les traces de leur passage. Ça donne des natures mortes assez jolies, avec des couleurs parfois surprenantes. Une fois que le confinement a pris fin, je suis parti à la recherche de nouveaux personnages et de nouveaux gestes liés à ce que nous vivons, comme le fait de porter des gants ou des masques, qui sont tous différents en fonction des personnes qu’on croise, et qui ressortent tout de suite dans le paysage.


En quoi cette période a-t-elle modifié ton approche de la photo de rue ?
Au début, j’étais assez perdu. Je m’intéresse habituellement au mouvement, aux interactions entre les humains et l’environnement urbain, aux expressions du visage… Il a fallu trouver d’autres sujets, j’ai donc décidé de travailler la notion d’entre-deux, entre la vie normale et le confinement. Dans cette période assez sombre, j’ai eu envie de m’éloigner du reportage ou d’une idée trop stéréotypée de ce qu’on vivait, pour en capturer des scènes et des détails surprenants.




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