Grigny déconfinée dans l’oeil du photographe Thomas Fliche
Chaque semaine, i-D France demande à un photographe de son choix de documenter le déconfinement en images. Thomas Fliche a pris des nouvelles des jeunes de la cité de La Grande Borne, à Grigny.
Courtesy of Thomas Fliche


Originaire de Cergy, Thomas Fliche s’intéresse au territoire et aux problématiques qui y sont liées. Parmi elles, la mobilité et l’insertion sociale des jeunes qui grandissent en zones semi-rurales, au-delà de la proche banlieue de Paris. C’est le cas de La Grande Borne, à Grigny, dont il documente le quotidien depuis deux ans.


Parle-nous de ton approche de la photographie post-confinement. Elle est dans la continuité du travail que j’ai commencé il y a deux ans : faire le récit fondamentalement humain du quotidien ordinaire, avec ses difficultés et ses forces. Pendant le confinement, j’ai photographié les élans de solidarité à Bobigny, comme la distribution alimentaire ou la confection de masques. Mais je suis attaché à La Grande Borne, où j’occupe un bureau, et à ses habitants, j’ai donc voulu reprendre mon travail de documentation du quotidien de ces jeunes, dans leurs déplacements et leur rapport au territoire.


Parle-nous de ce rapport. La particularité de La Grande Borne, c’est que les gens y sont en quelque sorte déjà confinés. L’aménagement même de l’espace, dans la démarche utopique des grands ensembles, a créé une forme de cloisonnement. Le confinement a accentué leurs difficultés, qu’il s’agisse de valider leurs diplômes ou de passer le permis de conduire pour pouvoir se déplacer. Ça crée une solidarité très forte, qu’il s’agisse de participer aux tournages de clips de rap, une passion qui réunit tout le monde, ou à l’entraide au quotidien. Ce rapport au territoire créé des valeurs qui ne sont pas forcément aussi fortes ailleurs, d’autant plus en temps de crise.


As-tu noté une attitude différente dans le comportement des gens que tu photographies régulièrement ? Les groupes sont peut-être un peu plus distants avec ceux qui se trouvent autour d’eux, mais pas entre eux. Le groupe que je suis est comme une famille, ils sont très proches. Certains portent des masques pour sortir du quartier ou aller faire les courses, mais ça ne les empêche pas de checker les autres pour autant. La proximité et le lien social restent des valeurs fondamentales.


