Offset : "Aujourd'hui, un rappeur ne peut plus se contenter de faire que de la musique"
Durant la Paris Fashion Week, où il a défilé pour Balenciaga, le rappeur et golden boy d’Atlanta a rencontré i-D.
Courtesy of Fabien Montique
Offset a beau avoir été souvent réduit à une caricature du rappeur capitaliste, faisant de lui une énième version de l’artiste que les parents voient comme une mauvaise influence, il convient de lui offrir sa part de reconnaissance en tant que figure majeure de la trap. Au sein de Migos, l’Américain a tout raflé : les disques de platine, les singles adaptés à presque toutes les occasions qui exigent un peu de grandeur (mariages, triomphes sportif, pistes de danse, etc.), les parodies sur les réseaux sociaux, et même des contrats avec des milieux extérieurs au hip-hop – la mode (Louis Vuitton), les séries (Atlanta) et le monde de la télévision.

Récemment, Offset a par exemple été juré dans The Hype, une émission produite par HBO Max et mettant en compétition différents créateurs aspirant à réussir dans le monde du streetwear. S’il paraît crédible dans ce rôle, ce n’est pas parce qu’il aime plus que tout aider son prochain. C’est surtout parce qu’il s’est toujours vu comme un gagnant, un mec capable de tout et voué à profiter des petits plaisirs que la vie offre. « Je me suis toujours dit que j’étais un winner et que mon principal concurrent était moi-même. Je connais mes objectifs, pas besoin de regarder ce que font les autres. Je me focalise sur mes envies afin d’avancer et de donner le meilleur de moi-même. »

Lorsqu’il prononce ces mots, Offset est à Paris. C’était lors de la Fashion Week. C’était peu de temps après qu’il ait défilé pour Balenciaga et retrouvé son vieil ami Virgil Abloh. C’était aussi l’occasion pour lui digresser au sujet de la capitale française, selon un vocabulaire régulièrement utilisé par les vedettes américaines en goguette au sein de la ville lumière : « Je ne viens pas assez ici, mais j’adore Paris. Tout est historique, artistique et fashion dans cette ville. C’est très différent des États-Unis, mais c’est vraiment une belle ville, avec plein de bonnes énergies. »

On n’en saura pas plus sur les coins et les hôtels où il aime trainer. Dans la vie d’Offset, tout va très vite, il n’a pas le temps de s’éterniser. Un jour, il est en studio avec son grand-père (que l’on entend jouer de l’harmonica sur « The Red Room ») ; un autre, on le surprend en train de faire écouter sa musique à ses enfants ; parfois, on l’entend dire qu’il se fiche des chiffres et que seul l’art compte ; d’autres fois, on le découvre sur les réseaux sociaux en train de faire sa fête à différentes boutiques de luxe. « À l’heure actuelle, on ne peut plus se contenter de la musique, pose-t-il. Il faut proposer davantage, montrer qui on est vraiment, faire fantasmer etc. »

Qu’importe alors si la frontière entre réalité et fiction est brouillée. C’est même mieux si personne ne parvient à percer totalement le mystère. Surtout quand on s’appelle Offset, que l’on souhaite jouer sur tous les tableaux (mode, albums de groupe, albums solos, mise en scène de la vie privée, etc.) et que l’on a tendance à se sentir comme un martien, à peine « 1/3 humain ». Avec le temps, Offset est en tout cas devenu un artiste à part entière, touche-à-tout et persuadé de pouvoir cumuler toutes ses passions dans un même élan, la mode et la rue, le hip-hop et l'entertainment, la vie de rêve et l'indépendance.

Crédits
Photographie Fabien Montique
Stylisme Claire Thomson-Jonville
Assistantes stylisme Tiffany Pehaut & Karina Harb
Assistant Photo Philip Skoczkowsi
Mouvements Pierre Podevyn
Production Jonas Farro
Remerciements à Hugo, S.D Bros Consulting & The Bistrologist.