Paris confiné dans l’oeil du photographe Anthony Seklaoui
Chaque semaine, i-D France demande à un photographe de son choix de documenter le confinement en images. Anthony Seklaoui s’est penché sur les visages masqués qu’on croise dans les rues de Paris.
Courtesy of Anthony Seklaoui


Dans les pages de la presse mode indépendante, Anthony Seklaoui photographie ses sujets à l’argentique à la manière de clichés volés, morceaux de corps figés en plein mouvement, tissus froissés et figures expressives. Pour i-D France, il a renoué avec le numérique, non sans quelques astuces techniques, et pris sur le vif les visages d’anonymes masqués qu’il a croisés dans le IXème arrondissement de Paris.



Que t’évoque Paris en ce moment ?
Une ville fantôme. Toutes ces rues vides, ces commerces fermés, l’absence de voitures, c’est encore plus étrange qu’au mois d’aout. C’est en marchant dans les rues qu’on prend vraiment conscience qu’il se passe quelque chose d’inhabituel.


Pourquoi t’être concentré sur ces visages masqués ?
Ils se sont presque imposé à moi. J’ai commencé par photographier discrètement les silhouettes des gens que je croisais dans la rue. En regardant les images, j’ai trouvé leurs visages très forts. Il y a quelque chose d’effrayant dans le fait de voir des personnes de tous âges, jeunes comme âgées, porter des masques. J’ai eu envie d’aller chercher leurs figures dans les photos. J’ai donc zoomé à l’intérieur, et photographié les visages au Polaroïd, à travers un écran d’ordinateur, pour les travailler ensuite à nouveau avec un appareil numérique. L’effet obtenu est intéressant, c’est comme si on était en 2050 et qu’on regardait des images de l’année 2020, dont il ne resterait que ces portraits masqués.



Portes-tu toi-même un masque ? Pas au moment de prendre les photos, mais je m’en suis procuré un depuis. Avant que nous n’entrions en confinement, j’avais du mal à prendre au sérieux les personnes qui portaient un masque dans le métro. Finalement, c’est sur elles que je me suis focalisé, preuve qu’il est devenu un symbole de cette période. Je ne serais pas étonné de voir le masque devenir un véritable accessoire de mode dans les prochaines saisons, au même titre qu’un chapeau ou qu’une paire de gants.

