La Youth Culture face au Covid
La génération Z et les Millenials font face au climat mortifère de la pandémie, qui secoue leurs espoirs et leurs repères comme jamais auparavant.
Courtesy of Antoine Harinthe
Comme tous, la génération Z et les Millenials font face au climat mortifère de la pandémie, dont les ravages font la une de l’info mondial depuis un an. Les tests, les masques, les restrictions, et les couvre-feux dans une ville fantôme ont également contribué à un quotidien des plus dystopiques.

À ça s’ajoute la réalité d’être jeune dans une culture qui voue un culte à la jeunesse, mais dans un contexte actuel qui la prive de tous ses rites et marqueurs. Ces générations se voient dérobées de ce que l’on idéalise comme « ses plus belles années ». Elles « perdent des opportunités économiques, des évènements marquants, et la possibilité de relation, le tout dans une période charnière de la constitution de son identité » note le New York Times au sujet d’une génération pour qui les liens sociaux sont centraux à leur existence.

Effectivement, ils appartiennent à des générations frappées de plein fouet par les conséquences du Covid, tout particulièrement autour de leur équilibre personnel. Selon une enquête de l’UNICEF, deux jeunes sur trois disent ressentir un besoin d’aide psychologique ; un jeune sur deux est vidé de toute motivation envers ses passions habituelles. Près de 30% d’entre eux souffrent d’anxiété sévère et de dépression. En Amérique, un jeune sur quatre aurait pensé au suicide depuis le premier confinement.

D’après une enseignante à la Sorbonne – tout comme des professeurs à travers le monde – un nombre grandissant d’élèves ferait face à une incapacité d’étudier sereinement, pour cause de dépression accrue et d’idées noires liées au Covid.

Peut-on s’en étonner ? Cela fait un an que la majorité des cours se déroulent sur Zoom, et que la vie universitaire est suspendue. Une mutation lourde de conséquences : pour les étudiants – tout particulièrement ceux loin de leurs familles et dans l’incapacité de rentrer chez eux – ceci rime avec l’arrêt d’une vie sociale et de toute interaction humaine. Sans lien avec le restant de sa classe, sans connivence, sans interrogation auprès du professeur, sans échange vital à tout processus d’apprentissage, l’épanouissement intellectuel et personnel de chacun est plus compromis que jamais.

Le quotidien est dorénavant circonscrit à son appartement estudiantin souvent restreint. Toute perspective d’embauche est grandement ralentie et les jobs alimentaires, restauration, bars, sont à l’arrêt – une précarité à la source d’angoisses financières, doublée d’une impossibilité de se projeter vers l’avenir, et qui en affecte plus d’un. Effectivement, près de la moitié des adolescents et jeunes adultes se disent affectés et démoralisés par la perspective de l’avenir.

Une jeunesse qui n’a plus le droit de l’être
Pour ces générations, leur droit à leur Youth Culture a été remplacé par le devoir de responsabilité pandémique. Néanmoins, malgré une vie vidée de son suc, arbitrairement réduite à quelques fonctions, le sacrifice ne semblerait jamais suffisant : les chiffres ne font qu’empirer, tout comme le sentiment de perte totale de contrôle sur sa vie.

Voilà que la jeunesse doit faire le deuil du temps perdu et de tout ce que cette année passée aurait du lui apporter, tout en avançant à tâtons vers un futur inquiétant. Ce présent teinté de mal-être n’est guère surprenant – mais participe, par ses chiffres sans appel, à une évolution sociétale notable. La parole autour de la santé mentale s’est délivrée et l’accès aux soins s’est démocratisé. Non plus un accompagnement émotif réservé aux plus privilégiés, mais un droit pour chacun et une responsabilité de l’état.

Dans l’ère de l’ultra visibilité et de la performance, où le corps et l’apparence sont les uniques marqueurs de succès, se soucier du bien-être de son psyché est primordial : cela encourage un processus d’introspection permettant de prendre ses distances avec son image sociale régulée. Partager et reconnaître ces maux comme de véritables souffrances capables de toucher quiconque participe à la dépathologisation et le stigmate associé historiquement aux maux intérieurs.

Si la jeunesse d’aujourd’hui ne l’est plus tant que ça, elle est armée de nouveaux outils, à savoir un intérêt grandissant pour l’écoute de soi, indulgent plutôt que honteux – faisant de ladite faiblesse un signe de force intérieure. Un antidote à la culture du selfie et la dictature de l’image ?

Crédits
Photographe Antoine Harinthe @Home agency, Direction artistique et stylisme Claire Thomson-Jonville, Directeur de Casting Nicolas Bianciotto @Ikki Casting, Cheveux Chiao Chenet @Bryant Artists, Maquillage Aurore Gibrien @Bryant, Productrice Margaux Denis @Kitten.
Digital operateur Eryn Millien, Assistant photo Clément Dauvent, Assistante stylisme et de rédaction Tiffany Pehaut.
Talents
Jade, Goldie, Jeanne, Luna, Makhan et Eriah.
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