Chloé Caillet veut bousculer les codes de l’électro
La DJ Chloé Caillet rêve d’un monde où la mode et les musiques électroniques ne formeraient plus qu’un.
Courtesy of Ana Sting
Sans doute n’était-ce qu’une question de temps avant que Chloé Caillet ne se lance pleinement dans la production musicale. À l’adolescence, il y a eu ce groupe de rock, The Clockworks, et ces soirées au Social Club, à une époque où Ed Banger dictait les tendances au sein des musiques électroniques. Puis, il y a eu l’exil à Bristol, où la Française découvre les raves, la drum’n’bass, la jungle et ces soirées qui s’étirent bien au-delà du petit matin. À 22 ans, il y a également eu ce déménagement à New York, où Chloé Caillet écume les nuits, organise diverses soirées et booke de nombreux artistes. « C’est à ce moment-là que j’ai commencé à ressentir le besoin de composer à mon tour, rembobine-t-elle, entre deux trains, symboles d’une vie rythmée. Du jour au lendemain, j’ai acheté des platines, je me suis entraînée sans relâche et des programmateurs ont commencé à me solliciter. J’y ai vu une forme d’accomplissement, sachant que j’ai appris le piano à 7 ans et que la musique a toujours été au centre de qui j’étais. »

Sur sa lancée, Chloé Caillet se souvient également de ce jour où, à sa mère lui indiquant qu’il est l’heure d’aller en cours, elle rétorque : « Je ne veux pas aller à l’école, je veux jouer de la musique ». Pour attester de cette passion, la DJ/productrice cite volontiers sa collection de vinyles (environ 600), évoque son ancien rôle de directrice artistique chez Universal (« Ça m’a beaucoup appris sur l’industrie, sur la façon dont on produit un projet, dont on le réalise et on le promulgue »), puis revient sur son processus créatif : « J’aime me bloquer quelques jours entre deux tournées. Sur la route, j’enregistre souvent des nouveaux sons, notamment en me basant sur les samples de musiques trouvées chez les disquaires locaux, mais j’ai besoin de m’isoler pour tester différentes idées. » Pour cela, Chloé Caillet s’est installée avec sa petite amie à Ibiza, en quête de tranquillité, de nature et de quiétude. « On a toutes les deux des vies assez intenses, donc a besoin de calme. Là, j’ai converti une chambre, je l’ai remplie d’instruments et de néons rigolos, on peut même y chiller en écoutant des vinyles. Le tout en étant entourées d’arbres, sans voisins. Ce qui est plutôt pratique quand on a envie de faire du bruit. »

Ce n’est pas simplement du bruit, mais bien d’intenses secousses que Chloé Caillet s’apprête à faire connaître au public avec l’arrivée d’un premier EP, pour l’instant sans nom. Elle le promet pour l’été, dit y travailler sans relâche, avec l’envie de prôner une musique en équilibre stable entre la funk, le disco, l’électro et la world music, cet horrible terme pourtant capable de synthétiser son amour pour la cumbia ou l’afrobeat.

Pour l’heure, cette multi-instrumentiste, saluée par Beck pour son remix de « Chemical », se bat presque quotidiennement en faveur de la représentation des femmes au sein des musiques électroniques (d’où ses soirées « Gurls Talk », d’où son label, XCESS Records), tout en assurant les mixes de différents défilés à travers le monde. « L’art et la mode sont deux milieux qui ont besoin d’être mélangés. Quand on regarde les costumes arborés sur scène par les artistes dans les 1960’s, on se dit que la mode a toujours fait partie de l’imagerie musicale. Lors d’un défilé, c’est pareil : une collection n’aura pas le même impact sans musique. Ce sont deux formes artistiques complémentaires ». Deux expressions qui trouvent chez Chloé Caillet leur pleine mesure, portée par un mot d’ordre, tellement précieux qu’il a donné son titre au dernier morceau de la Française : «Love Ain’t Over».



Crédits
Photographe Ana Sting
Styliste Dan Sablon
Assistante styliste Clara Viano