Paris (dé)confiné dans l’oeil du photographe Florent Nemeta
Chaque semaine, i-D France demande à un photographe de son choix de documenter le Paris (dé)confiné en images. Florent Nemeta s’est concentré sur la population masquée, à la fois uniforme et diverse.
Courtesy of Florent Nemeta


Chef-opérateur de métier, Florent Nemeta cherche avant tout la lumière. Passionné de photographie, il parcourt depuis cinq ans les rues de Paris, comme un vaste décor, et capture à la volée les silhouettes qui s’en détachent. Parfois crue, parfois douce, parfois diffuse, la lumière révèle les défauts et les particularités de chacun. Et la population masquée lui offre une nouvelle approche de la photographie de rue.


Parle-nous de ton approche de la photographie post-confinement.
Il m’a fallu un petit temps d’adaptation. Habituellement, je repère mes décors en fonction de la lumière et j’attends que la magie opère, qu’une scène particulière se détache du décor. Ça tient beaucoup aux expressions du visage et aux petits détails que la lumière met en valeur. Avec le port du masque, j’ai du trouver de nouvelles marques. Je n’avais par exemple jamais photographié quelqu’un en train de faire un selfie, mais avec le masque, ça donne quelque chose d’assez amusant.


Que t’évoquent ces gens masqués ?
Ce qui m’a d’abord frappé, c’est cette uniformisation de la société. À première vue, les gens ressemblent presque à des robots. Mais en observant bien, chacun a une façon différente de porter ces accessoires. On arrive quand même à deviner les personnalités. Je pense à cet homme qui portait un masque chirurgical et des gants violets. On devine presque ce qu’il pense : il s’en fiche des couleurs !


Ressens-tu une différence dans l’attitude des gens que tu photographies ?
J’ai l’habitude de prendre les gens en photo avant de leur demander la permission de l’exploiter, pour être sur de les capter sur le vif. En ce moment c’est plus compliqué, car je dois rester à au moins deux mètres d’eux. Tout le monde est plus attentif aux distances et à la proximité des autres, je dois donc redoubler d’attention pour obtenir ce qui m’intéresse.



